LA FORTERESSE MEDIEVALE  : la maison du Mouton

 

 

 Les ferriers de la Garenne ont servi d'assise à une ancienne forteresse un temps appelée à tort « la Motte Champlay ». Sans doute construite d'abord en bois puis en pierres, elle aurait protégé l'exploitation du fer. Elle se situe auprès d'une voie romaine venant de Toucy et desservant de nombreux ferriers (M. Jean-Pierre Piétak). Au Moyen Age, elle surplombe également le chemin reliant Toucy à la Loire par Villeneuve et Bléneau.

 

Deux aveux au comte de Bar du début du XIVe siècle, retrouvés par M. Claude Mercier dans les archives du château de St Fargeau (Archives nationales), mentionnent

« la maison de Tannerre que l'on appelle la maison du mouton ».

Le premier concerne Jean Danais écuyer et le deuxième Agnès de Chaussin.

 

Controverse :

Au cours de la guerre de Cent Ans, des bandes armées tant anglaises que françaises, ravagent les campagnes, pillent, rançonnent villes et villages. Un capitaine anglais, Robert Knowles installé à Malicorne sévit dans la région. Des documents anciens évoquent la prise de la Motte Champlay par ce capitaine (1358). Les historiens, pensent que ces archives parlent de Champlay près de Joigny. Au XIXe siècle (1849), voulant démontrer qu'il s'agissait de la forteresse de Tannerre, Aristide Déy a effectué un relevé des vestiges tannerrois et a dénommé ce château la Motte Champlay ; cette appellation a été reprise maintes fois sans vérification.

Il s'est simplement appuyé sur le fait que  Etienne de Champlay possédait à Tannerre, des terres voisines d'Agnès de Chaussin, par la suite ces terres ont été regroupées et les seigneurs de Tannerre ont pris le titre de Tannerre-Champlay mais aucun texte ne fait mention de la motte Champlay en parlant du château.

La Motte Champlay de Tannerre d'après Aristide Déy :  Au 14ème siècle, la forteresse entourée de fossés avait la forme d'un parallélogramme. A l'intérieur deux forts et un fortin eux-mêmes entourés de fossés correspondaient par des souterrains. Le reste de la surface était occupé par des casernes et une basse-cour.

Des doutes sur la rigueur de ce relevé subsistent toutefois, nombre d'éléments n'ayant pu être retrouvés.

La forteresse de Tannerre a bien été détruite, même si on ne peut affirmer avec certitude que Knowles est l'auteur de cette attaque. Elle ne sera jamais reconstruite.

 

La population a fortement diminué, victime de ces destructions et sans aucun doute affaiblie aussi par les famines et la peste qui depuis la grande épidémie de 1348 sévit de façon sporadique. Comme dans une grande partie de la France, les cultures sont sans cesse détruites par les pillards, le bétail volé, les outils détruits : les survivants se rapprochent des villes mieux protégées et les campagnes se désertifient.

 Il faut attendre la deuxième moitié du XVe siècle pour que le village se reconstruise et que les défrichages et les travaux agraires reprennent sous l'impulsion des nouveaux seigneurs, la famille Dupé-Lespervier-de Thoisy. L'église est restaurée et un nouveau château construit au bord de la rivière.

 

Eglise de Tannerre : armoiries Dupé

 Armoiries de J Dupé

 

 

Le grand ferrier de la Garenne dépendait du château (sur les plans anciens, il est mentionné Garenne du Château) et son nom même de « garenne » indique que cet endroit, inculte à cause de la présence des scories, servait de réserve de chasse.

 

 Les ruines de la forteresse ont été bouleversées par l'utilisation des pierres pour la construction des maisons du village puis, au XXe siècle par l'exploitation intensive des scories et l'utilisation d'engins destructeurs.

Il subsiste aujourd'hui une motte en forme de parallélogramme dont la base sud et l'angle sud-ouest sont encore visibles. Seuls les fossés sud et ouest sont bien marqués.

 

 

 

    Sources en ordre chronologique de parution :

Aristide Déy : Etudes historiques sur le bourg de Tannerre, bulletins de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne, 1849 et 1852.

Ghislaine Noyé : Fortifications de terre dans la seigneurie de Toucy, Archéologie médiévale tome VI-1976, Centre de  Recherche Archéologiques Médiévales, Caen.

Jean-Pierre Piétak : bulletins du Vieux Toucy n°68 (1998), n°77 (2008), n°81 (2011).

 Annick Rapin : Heurs et malheurs des châteaux de Tannerre, bulletins du Vieux Toucy n° 84 (2014) et n° 85 (2015).

 Claude Mersier : Le puzzle de l'histoire locale : quelques documents pour la « ville de Tannerre », bulletin du Vieux Toucy n°87 (2017).

 

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